Près de 200 personnes se sont rassemblées devant l’Agence de l’eau Loire-Bretagne à Orléans, le 15 novembre dernier, pour protester contre les projets de méga-bassines. Ce rassemblement a réuni militants associatifs et élus, qui dénoncent les financements d’État pour ces immenses retenues d’eau, sources de tensions écologiques et sociales.
Les méga-bassines, des retenues d’eau artificielles, peuvent stocker jusqu’à 700 000 m³ d’eau, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 13 000 ménages. L’eau est pompée durant l’hiver dans la nappe phréatique pour être utilisée par les agriculteurs au printemps et en été, période où les nappes sont à leur niveau le plus bas. Ce projet vise à pallier les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents.
Un sujet sensible
Cependant, cette approche divise fortement. Les opposants, tels que le collectif « Bassines Non Merci », la Confédération paysanne, et l’association de veille environnementale du Cher (AVEC), considèrent ces bassines comme une menace pour les nappes phréatiques et l’écosystème.
Selon eux, ces projets augmentent la capacité d’irrigation au détriment de l’eau potable et des milieux naturels, comme le souligne leur communiqué dénonçant une « arnaque à la substitution ».
Daniel Salmon, sénateur écologiste, a vivement critiqué les méga-bassines, affirmant : « Ces bassines sont un vrai problème, un déni de démocratie. Elles sont une insulte à notre devise de légalité et de solidarité ». Des recours judiciaires ont été déposés contre ces projets, avec des victoires partielles obtenues. Cependant, certaines bassines continuent d’être utilisées malgré leur illégalité.
En region Centre
La région Centre-Val de Loire n’est pas épargnée par ce débat. Un projet de méga-bassine de trois hectares pourrait voir le jour d’ici 2023 aux confins de l’Indre et du Cher. Catherine Menguy, secrétaire de Génération écologie dans le Cher, avertit : « Il n’y a pas de raison pour qu’il n’y ait pas un jour une méga bassine dans le Berry. Un projet existe et pourrait aboutir en 2023. C’est une menace pour les nappes phréatiques ».
Depuis deux ans, trois bassines sont en projet dans la région selon le site RTL :
- La Garenne, à Baugy, avec une capacité de 50 000 m³
- Mailly, à Lazenay, avec une capacité de 25 000 m³
- Paillonerie, à Lazenay, avec une capacité de 60 000 m³
Le collectif « Bassines Non Merci » assure que ces retenues d’eau pompent dans les nappes phréatiques pour irriguer les cultures en été, mettant en danger les réserves d’eau. Daniel Déprez, président d’AVEC, explique : « Ces bassines perturbent le cycle de l’eau et mettent en danger notre avenir. Il faut expliquer à la population que ce n’est pas la bonne solution ». Le collectif plaide pour des alternatives comme la plantation de haies et le retour à des pratiques agricoles plus durables.
Les tensions autour des méga-bassines ne semblent pas près de s’apaiser, avec des manifestations récurrentes et des affrontements parfois violents, comme en octobre dernier dans les Deux-Sèvres, où 5000 personnes se sont rassemblées pour protester contre l’installation de 16 réservoirs.
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